La rémunérations des actionnaires épinglée par les rapports Sartorius et Secafi

Il y a deux manières de rémunérer des actionnaires :

  • Leur verser un dividende, en consacrant pour cela une partie des bénéfices dégagés cette année là.
  • Diminuer le nombre d’actions en circulation, et donc augmenter la valeur de chaque action restante. C’est ce qui se passe à chaque fois que PSA rachète ses propres actions

Les rapports Sartorius et Secafi mettent en évidence qu’entre 1999 et 2011, PSA a consacré près de 6 Milliards d’euros à la rémunération de ses actionnaires (sous forme de dividendes et/ou de rachat d’actions) . Il n’est pas question ici de remettre en cause le principe d’une juste rémunération des actionnaires, mais l’analyse des éléments présentés ci-dessous interpelle :

BPA et DPA

D’après Verimmen 2011, page 886 sur la base des rapports annuels PSA. BPA = bénéfice par action, DPA = dividende par action

La comparaison année après année du BPA (Bénéfice Par Action) et du DPA (Dividende Par Action) met en évidence que la politique de rémunération des actionnaires a été profondément changée dans la période récente :

Dans les années 1985-1996, la rémunération des actionnaires (DPA) suivait approximativement la courbe des bénéfices (BPA). La chute des bénéfices se traduisait immanquablement par la diminution de la rémunération des actionnaires.

Depuis 2002, la rémunération des actionnaires est restée constante à 1.35 €/action (lorsque PSA dégageait des bénéfices), et cela même, alors que les bénéfices de PSA diminuaient.

Épinglée par Sartorius et Secafi, la Direction Générale de PSA a répondu que, sur les années 2000/2011, l’entreprise avait dégagé suffisamment de cash pour procéder à la fois, à la rémunération des actionnaires, et à des investissement conséquents (CAPEX et R&D). Tout cela, bien sur, au service de la stratégie du groupe.

A la lumière des problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, on ne peut que s’étonner de cette réponse. N’aurions nous pas cruellement besoin aujourd’hui, des milliards dépensés toutes ces années, milliards qui auraient pu permettre à PSA d’investir à l’international ?

On rappellera par exemple que PSA a du, pour des problèmes de cash, sursoir à ses investissements en Inde.

Mais, mieux que nous, l’expert désigné par le gouvernement, M. Sartorius, épingle dans son rapport la stratégie de PSA :

“A la lumière de la situation actuelle de PSA, ces données témoignent d’un manque d’anticipation :

  • de la mondialisation de l’industrie automobile, au début des années 2000 ; hors couverture des plans d’options, de 1999 à 2011, ce sont au total 3,082 G€ qui ont été consacrés au rachat d’actions plutôt qu’au développement du groupe.
  • de la gravité de la crise qui a démarré en 2008 sur le marché européen et qui n’a laissé place qu’à une embellie temporaire en 2010 et début 2011. Le groupe a été pris à contre-pied par le retournement du marché au 2ème semestre 2011.

Avec le recul, la mise en œuvre de la décision de l’assemblée générale d’avril 2011 de consacrer près de 450 M€ à la distribution de dividendes et au rachat d’actions paraît inopportune à plusieurs titres.

  • Tout d’abord, elle traduit un manque d’anticipation du retournement du marché qui était alors en train de se produire.
  • Ensuite, elle a privé le groupe de ressources financières commensurables aux plans d’économie qu’il a dû mettre en œuvre fin 2011 et 2012″

Édifient !

Espérons que la clairvoyance de la direction dans l’élaboration de sa stratégie de “rebond 2015” sera d’une autre tenue que celle dont elle a fait preuve ces dernières années.

Violences !

La CFTC, comme d’autres organisations syndicales de PSA, condamne fermement les actes de violence qui se sont déroulés cette semaine sur l’établissement du pôle tertiaire à Poissy.

Comment justifier l’irruption en force dans les locaux, l’explosion des vitres derrière lesquelles travaillaient des salariés, le saccage des bâtiments. S’il s’agissait de « passer un message » à la Direction Générale (DG), la pilule est amère et les effets secondaires importants :

  • Incompréhension des salariés présents, voir traumatisme de certains qui se sont retrouvés directement exposés à ces débordements.
  • Dégradation de l’image des syndicalistes assimilés à des vandales (ce que ne manquera pas de faire la DG)
  • Contrepublicité pour PSA, avec des images reprises en boucle sur les médias.

 

Mais au-delà de la condamnation de ces actes de violence, il est une autre violence que nous tenons également à dénoncer ici, et qui n’est pas cette fois-ci, le fait de salariés de PSA.

Si nous n’arrivons pas à faire modifier les plans sociaux prévus par la DG, ce sont près de 3000 emplois qui disparaitront sur Aulnay et Rennes. C’est une autre forme de violence: 3000 familles touchées, et beaucoup plus encore dans l’expectative aujourd’hui, aucun salarié sur ces deux sites n’étant assuré aujourd’hui d’avoir un emploi digne de ce nom demain.

PSA a d’ores et déjà trouvé des sociétés qui se portent volontaires pour embaucher des salariés de PSA, mais les sources d’inquiétude restent importantes :

  • Quels seront les critères pour retenir les candidatures proposées par PSA (sous forme de CV) ?
  • Comment croire que ces entreprises ne feront pas de discrimination à l’embauche ?
  • Quelles diminutions de salaires devront accepter nos collègues, et avec quelles conditions de travail ?
  • Que deviendront-ils une fois la première prime versée à leur nouvel employeur (à l’issu de la période d’essais) ?
  • Que se passera-t-il si la réalité de l’emploi ne correspondait pas du tout à ce qui avait été annoncé au salarié « nouvel embauché » et donc si facilement licenciable ?
  • La liste n’est pas exhaustive et doit faire partie des discussions….

 

Lorsqu’au mois de juillet, M. Varin a présenté à la presse et au gouvernement son plan de restructuration, il mettait en avant la nécessité d’un « dialogue social exemplaire ». Dans la communication interne PSA, dans les médias, on vous parle de « réunions de négociations ». Si effectivement des réunions ont bien été organisées, nous estimons qu’elles ne vont pas assez loin. La DG a plutôt la fâcheuse tendance à dire : « signez là, il n’y a pas d’autres solutions pour PSA ! »

La CFTC et les autres organisations syndicales, conscientes de leur responsabilité et de la gravité de la situation, ont mandaté un cabinet d’expertise indépendant pour  analyser les différents aspects de cette crise et du projet de réorganisation. Les rapports successifs ont été présentés au fil des semaines. Ils portaient sur les points suivants :

  • Situation financière du groupe
  • Organisation des directions industrielles et R&D
  • Stratégie du groupe  et filière automobile
  • Conséquences sociales du plan de restructuration

C’est sur les bases de ce rapport, et en accord avec les propositions qui y sont faites, que la CFTC entend travailler, pour à la fois, sauver cette entreprise à laquelle nous sommes tous attachés, et minimiser au maximum les conséquences pour les hommes et les femmes qui ont déjà tant donné à PSA. Des premiers  éléments vous ont été donnés dans la déclaration publiée ici mais nous ne manquerons pas de revenir  sur les différents points qui y sont évoqués.

A cela la DG a répondu jusqu’ici « ajustement à la marge » et fin de non-recevoir.  Au sortir des réunions où nous sommes convoqués pour « négocier », nous avons tous eu le sentiment que la DG nous baladait. Angoisse des salariés et de leurs familles d’un côté, absence de véritables négociations, voire de considération de l’autre, le résultat était malheureusement prévisible. A prendre les représentant des salariés pour des imbéciles, on prend le risque d’obtenir des réponses du même type. Les évènements à Poissy de cette semaine en sont le triste témoignage.

Chez les dirigeants d’entreprise, et ceux de PSA ne dérogent pas à la règle, il est de bon ton aujourd’hui de mettre en avant la perte de compétitivité des entreprises françaises face à l’Allemagne. Trente-cinq heures d’un côté, flexibilité du travail de l’autre, le modèle allemand n’aurait que des vertus comparé au nôtre. Curieusement dans cette analyse, on passe sous silence ce qui fait la force du modèle allemand : son dialogue social, avec des syndicats directement associés à la gestion de l’entreprise.  Impossible en France vous diront certains, mais qui a essayé ?

Pour reprendre les « éléments de langage » en cours chez les cadres dirigeants de PSA, notre entreprise est en situation de guerre, terme si cher à certains extrêmes. Mais si nous voulons y survire et remporter cette guerre, encore faut-il que nous ayons tous le sentiment de faire partie de la même armée ! Et si la situation du groupe est grave, ce dont nous ne doutons pas, il serait bon ton que l’exemple vienne du plus haut niveau de l’entreprise.

Alors M Varin, dialogue social exemplaire, modèle allemand ? Chiche !

BF

CCE extraordinaire du 11 décembre : réaction de la CFTC

Intervention CFTC sur le projet de réorganisation des activités industrielles et de réduction des effectifs de la Société Peugeot Citroën Automobiles S.A.

Face à l’importance des évènements, nous ne pouvons que regretter l’absence de Mr VARIN et des membres du directoire qui sont à l’origine de la situation. Cela serait un signe de l’importance de la situation et une forme de respect.

Pour rappel, au-delà du rapport Sartorius délivré en juillet, la CFTC et l’ensemble des élus a souhaité utiliser son pouvoir de prendre l’avis d’un expert ‘SECAFI’, afin de se positionner sur le projet en ayant tous les éléments.

La CFTC a donc dés le départ confié l’analyse de la situation à SECAFI et tient compte de ses résultats comme on confie sa santé à un médecin. Depuis le début, la CFTC a précisée qu’elle tiendrait compte de son analyse.

A la lecture de la synthèse du rapport de SECAFI :

Nous avons la confirmation de la surcapacité des moyens en Europe.

  • Le rapport confirme que la situation économique et financière est très critique.
  • Il confirme également la nécessité de restructuration et son urgence.
  • Il apparait clairement que le projet présenté par la Direction ne règlera pas les difficultés dans lesquelles se trouve le groupe actuellement.

Néanmoins SECAFI fait des préconisations et la CFTC demande à la Direction  d’en tenir compte et de revoir ce plan afin de préciser et définir des organisations cibles pour permettre de développer des projets ambitieux et préserver nos emplois en France.

La Direction doit aujourd’hui étudier avec les organisations syndicales les différents scénarios proposés par le cabinet SECAFI pour limiter l’ampleur du plan et s’assurer de la mise en place d’un plan efficace pour notre avenir.

  • Ne pas baser uniquement son plan sur la réduction des effectifs et la fermeture de site afin d’anticiper une évolution du marché.
  • Si les différents plans, GPEC ou PREC mis en place précédemment n’ont pas permis d’adapter les effectifs, la Direction devrait en tirer des conclusions.
  • Étudier la réduction et l’aménagement du temps de travail pour permettre aux salariés de garder leur emploi.
  • Mette en place une solution de portage pour les salariés qui pourront être réintégrés à l’horizon 2016 avec l’arrivée de BVH2’ et X8
  • Réaffecter des activités aujourd’hui externalisées à Rennes comme l’emboutissage ou la création d’un centre d’outillage.

La CFTC souhaite donc que la Direction mette en place un plan offensif en lieu et place du plan défensif proposé aujourd’hui par la Direction.

Si la stratégie passée n’a pas été à la hauteur et nous a conduits dans la situation actuelle, il est temps de prendre des nouvelles directions et de construire une stratégie  sérieuse et efficace.

Il est important de se reposer la question sur le positionnement des marques PSA afin de ne pas les laisser se cannibaliser. VAG à plusieurs marques dont la gamme est bien définie entre elles (AUDI / SKODA) ; voir aussi ALFA-ROMEO / FIAT ; RENAULT / DACIA

La CFTC est très inquiète de l’avenir du groupe en sachant que  la stratégie adoptée par PSA reste relativement floue, les salariés de l’ensemble des sites en France ont le droit de savoir  et ont besoin de connaitre la cible permettant d’avoir une vision claire de l’avenir ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.