La rémunération des membres du Directoire de PSA

Depuis 1988, les autorités financières imposent aux sociétés cotées en bourse de publier un “rapport annuel” à destination des actionnaires. On y trouve essentiellement des informations financières,  bilan, comptes de résultat, comptes consolidés, comptes sociaux, rapport de commissaires aux comptes. Dans le cas de PSA, on y trouve également des informations générales sur la société et sur ses dirigeants. Le chapitre qui retiendra  notre attention aujourd’hui concerne la rémunération des membres du Directoire. Il sera compléter en fin de semaine d’un article sur leur retraite, avec, en prime, le moyen pour vous d’accéder à l’intégralité du rapport annuel 2011. Mais revenons à la rémunérations de nos dirigeants :

Comme pour tous les cadres soumis au régime de la PVG, “la rémunération annuelle des membres du Directoire comporte une partie fixe et une partie variable fondée sur le degré d’atteinte d’un certain nombre d’objectifs qualitatifs et quantitatifs.

En 2011, la rémunération de Monsieur Varin s’établit de la manière suivante :

  • Part fixe inchangée par rapport à 2010, soit 1,3 M€
  • Part variable : 18 mois de salaire (150% de sa part fixe), soit 1,95 M€. A noter qu’à l’intérieur de ces 150 %, une part discrétionnaire de 30 % est laissée à l’appréciation du Conseil sur la performance globale de M. Varin dans la conduite du Groupe. Le solde, soit 120 %, est versé en fonction de la réalisation de ses objectifs.

Le total de la rémunération 2011 de M. Varin pouvait donc se situer entre 1,3 M€ et 3,25 M€ dans le cas du versement de la totalité de la PVG.

La rémunération 2011 des autres membres du Directoire (MM Gales, Faury, Olivier, Saint-Geours) :

  • Part fixe également inchangée par rapport à 2010, soit 618 000 €
  • Part variable représentant jusqu’à 110 % (13,2 mois) de leur rémunération fixe (soit 680 000 €), dont une part discrétionnaire de 10 % laissée à l’appréciation du Conseil (contre 30% pour M. Varin).
  • A noter que Grégoire Olivier, membre du Directoire qui exerce
    son activité à partir de la Chine, bénéficie en outre d’une prime
    d’éloignement correspondant, sur une base annuelle, à la moitié
    de sa rémunération fixe (309 000 €)

Hors prime d’éloignement, la plage de rémunérations du Directoire est donc comprise entre 618 000 € et 1,298 M€

Il est important de noter qu’en 2012 M. Varin et les membres du directoire ont renoncé à toucher les sommes dues au titre de leur PVG

Les rémunérations des membre du Directoire vous sont présentées dans le tableau ci-dessous :

Rémunérations CDG au titre de l'exercice 2011 1ère partie

Rémunérations CDG au titre de l'exercice 2011 (suite)

Rémunérations CDG au titre de l’exercice 2011

S’il est bien précisé dans le document de référence que les membres du Directoire ont renoncé à leur rémunération variable (PVG), rien n’est dit en revanche sur les rémunérations exceptionnelles présentées ci-dessus. Mais nous ne doutons pas que si certains de ses membres lisent cet article, ils ne manqueront pas de nous le préciser.

Vous noterez également avec intérêt la valorisation de l’avantage en nature des voitures de fonction…

La Part Variable expliquée à ceux qui n’en ont pas

Il existe plusieurs formes de “bonus” chez PSA. Comme souvent, les fonctions commerciales bénéficient de parts variables directement liées à leurs résultats. Faute d’informations précises nous n’en parlerons pas ici.

Mais une autre forme de prime existe chez PSA, réservée celle là à certains cadres du groupe. Dans le vocabulaire interne on parle de Part Variable Groupe (PVG)

La PVG, pour qui ?

Dans un premier temps réservée aux cadre supérieurs et aux cadres dirigeants, elle est en train d’être étendue au reste de la population cadres. Aujourd’hui, c’est plus de 50% des cadres dans le monde qui sont éligibles à la PVG (13 000 personnes) . A noter que c’est le poste qui est, ou non, éligible à la PVG, et non le salarié lui-même. Pour les cadres et les cadres supérieurs au moins, la PVG n’est donc pas inscrite au contrat de travail (nous n’avons pas d’information en ce qui concerne les cadres dirigeants)

La PVG, combien ?

Le montant de cette forme de rémunération variable est claire dans sa formule de calcul, mais plus opaque dans les sommes en jeux.

Le montant dépend :

  • pour 50% de l’atteinte des 5 résultats collectifs du groupe, fixés pour l’année (ex :la valeur du ROC, le montant des économies réalisées par PSA…)
  • pour 50% de l’atteinte de vos 5 objectifs individuels (ceux fixés lors de l’entretien annuel)

Si les objectifs du groupe ont tous été atteints et que vous avez également rempli tous vos objectifs personnels vous obtiendrez donc 100% de votre PVG

Mais 100% de quoi ? Et bien c’est là que la communication de l’entreprise devient plus “discrète”. Dans tous les cas, la PVG est exprimée en mois de salaire. Au deux bouts de l’échelle on trouve, les cadres “de base” d’une part, avec un mois de salaire, et les membres du directoire d’autre part, avec plus d’un an de PVG. Entre les deux, pas ou peu d’informations fiables. Messieurs les cadres dirigeants et cadres supérieurs n’hésitez pas à vous rapprocher de vos élus CFTC pour leur passer l’information, nous ne manquerons pas de la diffuser anonymement ici.

En attendant, rendez vous ici demain pour plus d’information sur la rémunération des membres de la Direction Générale.

 

 

Salaires, avantages en nature, parts variables… parlons en

L’argent est toujours un sujet délicat en France. Contrairement aux pays anglo-saxons, divulguer son salaire, ses avantages en nature, c’est encore prendre un risque d’incompréhension, de frustration de la part de ses collègues. Alors que la notion de “marché du travail” est passé dans le langage courant, la rémunération reste encore trop souvent associée à la valeur professionnelle du salarié lui même : Mon salaire est plus bas que celui de mon collègue alors que je suis aussi bon que lui, mais qu’est ce qu’il a de plus que moi ?

PSA ne fait pas exception à la règle. Si ceux d’entre nous qui sont en position d’encadrer une équipe connaissent les salaires de “leurs collaborateurs,” qui effectivement connait le salaire de son supérieur hiérarchique, de son collègue directe ?

A l’heure ou vont s’engager les négociations salariales 2013, il nous semblait important d’aborder cette thématique sur ce site :

Entrée de Dongfeng au capital de PSA : quelles conséquences ?

La situation du groupe : ne fermons pas les yeux sur l’évidence :

  • Le groupe PSA connaît des difficultés depuis 2008
  • Perte du marché en Iran en février 2012 (équivalent      à 22% des volumes mondiaux de la marque Peugeot)
  • PSA éjecté du CAC 40 en septembre 2012
  • Fermeture du site d’Aulnay en octobre 2013
  • Baisse des ventes mondiales à hauteur de 9% en 2012,      puis 5% en 2013

Dongfeng : l’investisseur dont a besoin PSA ?

Lire la suite

La rémunérations des actionnaires épinglée par les rapports Sartorius et Secafi

Il y a deux manières de rémunérer des actionnaires :

  • Leur verser un dividende, en consacrant pour cela une partie des bénéfices dégagés cette année là.
  • Diminuer le nombre d’actions en circulation, et donc augmenter la valeur de chaque action restante. C’est ce qui se passe à chaque fois que PSA rachète ses propres actions

Les rapports Sartorius et Secafi mettent en évidence qu’entre 1999 et 2011, PSA a consacré près de 6 Milliards d’euros à la rémunération de ses actionnaires (sous forme de dividendes et/ou de rachat d’actions) . Il n’est pas question ici de remettre en cause le principe d’une juste rémunération des actionnaires, mais l’analyse des éléments présentés ci-dessous interpelle :

BPA et DPA

D’après Verimmen 2011, page 886 sur la base des rapports annuels PSA. BPA = bénéfice par action, DPA = dividende par action

La comparaison année après année du BPA (Bénéfice Par Action) et du DPA (Dividende Par Action) met en évidence que la politique de rémunération des actionnaires a été profondément changée dans la période récente :

Dans les années 1985-1996, la rémunération des actionnaires (DPA) suivait approximativement la courbe des bénéfices (BPA). La chute des bénéfices se traduisait immanquablement par la diminution de la rémunération des actionnaires.

Depuis 2002, la rémunération des actionnaires est restée constante à 1.35 €/action (lorsque PSA dégageait des bénéfices), et cela même, alors que les bénéfices de PSA diminuaient.

Épinglée par Sartorius et Secafi, la Direction Générale de PSA a répondu que, sur les années 2000/2011, l’entreprise avait dégagé suffisamment de cash pour procéder à la fois, à la rémunération des actionnaires, et à des investissement conséquents (CAPEX et R&D). Tout cela, bien sur, au service de la stratégie du groupe.

A la lumière des problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, on ne peut que s’étonner de cette réponse. N’aurions nous pas cruellement besoin aujourd’hui, des milliards dépensés toutes ces années, milliards qui auraient pu permettre à PSA d’investir à l’international ?

On rappellera par exemple que PSA a du, pour des problèmes de cash, sursoir à ses investissements en Inde.

Mais, mieux que nous, l’expert désigné par le gouvernement, M. Sartorius, épingle dans son rapport la stratégie de PSA :

“A la lumière de la situation actuelle de PSA, ces données témoignent d’un manque d’anticipation :

  • de la mondialisation de l’industrie automobile, au début des années 2000 ; hors couverture des plans d’options, de 1999 à 2011, ce sont au total 3,082 G€ qui ont été consacrés au rachat d’actions plutôt qu’au développement du groupe.
  • de la gravité de la crise qui a démarré en 2008 sur le marché européen et qui n’a laissé place qu’à une embellie temporaire en 2010 et début 2011. Le groupe a été pris à contre-pied par le retournement du marché au 2ème semestre 2011.

Avec le recul, la mise en œuvre de la décision de l’assemblée générale d’avril 2011 de consacrer près de 450 M€ à la distribution de dividendes et au rachat d’actions paraît inopportune à plusieurs titres.

  • Tout d’abord, elle traduit un manque d’anticipation du retournement du marché qui était alors en train de se produire.
  • Ensuite, elle a privé le groupe de ressources financières commensurables aux plans d’économie qu’il a dû mettre en œuvre fin 2011 et 2012″

Édifient !

Espérons que la clairvoyance de la direction dans l’élaboration de sa stratégie de “rebond 2015” sera d’une autre tenue que celle dont elle a fait preuve ces dernières années.

Violences !

La CFTC, comme d’autres organisations syndicales de PSA, condamne fermement les actes de violence qui se sont déroulés cette semaine sur l’établissement du pôle tertiaire à Poissy.

Comment justifier l’irruption en force dans les locaux, l’explosion des vitres derrière lesquelles travaillaient des salariés, le saccage des bâtiments. S’il s’agissait de « passer un message » à la Direction Générale (DG), la pilule est amère et les effets secondaires importants :

  • Incompréhension des salariés présents, voir traumatisme de certains qui se sont retrouvés directement exposés à ces débordements.
  • Dégradation de l’image des syndicalistes assimilés à des vandales (ce que ne manquera pas de faire la DG)
  • Contrepublicité pour PSA, avec des images reprises en boucle sur les médias.

 

Mais au-delà de la condamnation de ces actes de violence, il est une autre violence que nous tenons également à dénoncer ici, et qui n’est pas cette fois-ci, le fait de salariés de PSA.

Si nous n’arrivons pas à faire modifier les plans sociaux prévus par la DG, ce sont près de 3000 emplois qui disparaitront sur Aulnay et Rennes. C’est une autre forme de violence: 3000 familles touchées, et beaucoup plus encore dans l’expectative aujourd’hui, aucun salarié sur ces deux sites n’étant assuré aujourd’hui d’avoir un emploi digne de ce nom demain.

PSA a d’ores et déjà trouvé des sociétés qui se portent volontaires pour embaucher des salariés de PSA, mais les sources d’inquiétude restent importantes :

  • Quels seront les critères pour retenir les candidatures proposées par PSA (sous forme de CV) ?
  • Comment croire que ces entreprises ne feront pas de discrimination à l’embauche ?
  • Quelles diminutions de salaires devront accepter nos collègues, et avec quelles conditions de travail ?
  • Que deviendront-ils une fois la première prime versée à leur nouvel employeur (à l’issu de la période d’essais) ?
  • Que se passera-t-il si la réalité de l’emploi ne correspondait pas du tout à ce qui avait été annoncé au salarié « nouvel embauché » et donc si facilement licenciable ?
  • La liste n’est pas exhaustive et doit faire partie des discussions….

 

Lorsqu’au mois de juillet, M. Varin a présenté à la presse et au gouvernement son plan de restructuration, il mettait en avant la nécessité d’un « dialogue social exemplaire ». Dans la communication interne PSA, dans les médias, on vous parle de « réunions de négociations ». Si effectivement des réunions ont bien été organisées, nous estimons qu’elles ne vont pas assez loin. La DG a plutôt la fâcheuse tendance à dire : « signez là, il n’y a pas d’autres solutions pour PSA ! »

La CFTC et les autres organisations syndicales, conscientes de leur responsabilité et de la gravité de la situation, ont mandaté un cabinet d’expertise indépendant pour  analyser les différents aspects de cette crise et du projet de réorganisation. Les rapports successifs ont été présentés au fil des semaines. Ils portaient sur les points suivants :

  • Situation financière du groupe
  • Organisation des directions industrielles et R&D
  • Stratégie du groupe  et filière automobile
  • Conséquences sociales du plan de restructuration

C’est sur les bases de ce rapport, et en accord avec les propositions qui y sont faites, que la CFTC entend travailler, pour à la fois, sauver cette entreprise à laquelle nous sommes tous attachés, et minimiser au maximum les conséquences pour les hommes et les femmes qui ont déjà tant donné à PSA. Des premiers  éléments vous ont été donnés dans la déclaration publiée ici mais nous ne manquerons pas de revenir  sur les différents points qui y sont évoqués.

A cela la DG a répondu jusqu’ici « ajustement à la marge » et fin de non-recevoir.  Au sortir des réunions où nous sommes convoqués pour « négocier », nous avons tous eu le sentiment que la DG nous baladait. Angoisse des salariés et de leurs familles d’un côté, absence de véritables négociations, voire de considération de l’autre, le résultat était malheureusement prévisible. A prendre les représentant des salariés pour des imbéciles, on prend le risque d’obtenir des réponses du même type. Les évènements à Poissy de cette semaine en sont le triste témoignage.

Chez les dirigeants d’entreprise, et ceux de PSA ne dérogent pas à la règle, il est de bon ton aujourd’hui de mettre en avant la perte de compétitivité des entreprises françaises face à l’Allemagne. Trente-cinq heures d’un côté, flexibilité du travail de l’autre, le modèle allemand n’aurait que des vertus comparé au nôtre. Curieusement dans cette analyse, on passe sous silence ce qui fait la force du modèle allemand : son dialogue social, avec des syndicats directement associés à la gestion de l’entreprise.  Impossible en France vous diront certains, mais qui a essayé ?

Pour reprendre les « éléments de langage » en cours chez les cadres dirigeants de PSA, notre entreprise est en situation de guerre, terme si cher à certains extrêmes. Mais si nous voulons y survire et remporter cette guerre, encore faut-il que nous ayons tous le sentiment de faire partie de la même armée ! Et si la situation du groupe est grave, ce dont nous ne doutons pas, il serait bon ton que l’exemple vienne du plus haut niveau de l’entreprise.

Alors M Varin, dialogue social exemplaire, modèle allemand ? Chiche !

BF