PREC chez PSA : incohérences et insuffisances

La direction de PSA présente aujourd’hui en CCE extraordinaire son projet de réduction des effectifs de structure de l’entreprise, dans le cadre d’un Plan de Redéploiement des Emplois et des Compétences (PREC). PREC applicable à tous les sites à l’exception de ceux de Rennes et d’Aulnay qui font eux partie d’un PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi : https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_de_sauvegarde_de_l%27emploi)

Sur le fond, la CFTC a depuis le début, affirmé qu’elle suivrait l’avis du cabinet indépendant SECAFI. Nous ne reviendrons donc pas ici sur la nécessité de réduire ou non les effectifs de l’entreprise.

Depuis des mois par contre, nous négocions avec la direction pour améliorer les conditions de reclassement ou de départs des salariés qui seront concernés par le PSE de Rennes et Aulnay. Depuis le début de ces négociations, nous demandions des explications sur le PREC, et insistions pour que les conditions négociées dans le cadre du PSE soient étendues aux mesures de reclassement et de départ volontaire du futur PREC. La direction s’y est toujours opposée, sans pour autant nous fournir les détails des mesures qu’elle comptait retenir pour le PREC, et sans engager des négociations sur ce sujet. C’est donc tout récemment, en préparation de cette réunion du 29/04, que nous avons reçu le détail des conditions qui y seront applicables. Nous vous les résumons ici (sans présager des explications complémentaires fournies lors des prochaines réunions et sans rentrer dans le détail de mesures complexes)

L’une de nos interrogations majeures sur le projet, concerne la population visée par ce Plan de départ volontaire :

Les postes jugés en sureffectif par la direction de PSA sont au nombre de 3570 contre 3576 ou 3586 en juillet (suivant les documents consultés les chiffres de juillet varient de 10 unités !). Comment ces chiffres ont-ils été obtenus ? Pourquoi n’ont-ils été actualisés qu’à la marge (6 unités), alors que depuis juillet des organisations ont été adaptées et des postes sensibles déjà supprimés et/ou redéployés ?

Le plus inquiétant c’est que ces chiffres sont aujourd’hui déclinés par filière, par catégorie socioprofessionnelle (CSP : Cadre/TAM), et même par établissement, mettant en place un système de quotas incompréhensible et intenable. Un exemple pour vous faire comprendre l’absurdité de la situation, à laquelle nous allons être confrontés si rien ne bouge :

  • La filière système d’information (DSIN) comprend 26 postes en sureffectif éligibles au PREC (chiffre identique à celui de juillet 2012), 9 cadres et 17 TAM.
  • Le Pôle tertiaire comprend 192 postes en sureffectif éligibles.

Si l’on croise les tableaux, comme s’apprête à le faire la DRH, c’est pour DSIN, sur le pôle tertiaire, 6 postes de TAM et 6 postes de cadres qui pourront être éligibles au Plan de départ volontaire. Sachant que 7 cadres de cette direction ont déjà bénéficié d’un congé sabbatique (en attendant le début du PREC), et seront donc prioritaires, il n’y aura donc plus aucun cadre supplémentaire éligible au dispositif prévu par le PREC (pour DSIN sur le pôle tertiaire). Et ça le jour même de son lancement !

Le plus simple serait vraisemblablement de ne pas instituer de compteurs par catégorie socio professionnelle ou par établissement, voire de globaliser l’ensemble des filières (avec un compteur unique fixé à 3570 au démarrage). Où est le problème, sachant que des garde-fous sont déjà prévus dans le dispositif, en excluant dès le départ certains métiers, et en se laissant la possibilité d’arrêter le dispositif pour une Direction, une entité, un métier, un site et un CSP si le besoin s’en faisait sentir. Mais revenons sur le dispositif du Plan tel que présenté aujourd’hui : 

Calendrier : mise en œuvre à l’issue du processus de consultation du CCE et des comités d’établissement fin du dispositif le 31/12/2013. Pour les OP UEP de la région parisienne, démarrage décalé de trois mois. Possibilité d’un prolongement du plan si les objectifs n’étaient pas atteints.

Les principales mesures d’accompagnement :

Mobilité interne hors Peugeot Citroën Automobiles (dans une autre société du groupe) avec rupture du contrat de travail :

  • Reprise de l’ancienneté
  • Pas de période d’essais
  • Maintien de la classification et de la rémunération
  • Aide à la formation si nécessaire
  • Aide à la mobilité géographique inter-régionale et locale (valable également pour les mobilités interne PCA)

Mobilité externe

Trois possibilités :

  • Réalisation d’un projet professionnel vers un autre employeur, ou pour création d’entreprise
  • Réalisation d’un projet personnel, pour suivre un conjoint en mutation professionnelle.

Dans les deux cas, versement d’une indemnité de départ volontaire équivalent à l’indemnité de licenciement telle que prévue en septembre 2007 (accord GPEC d’avril après avenant), et d’une indemnité complémentaire équivalente à 6 mois de salaire.

  • L’adhésion à un congé de reclassement volontaire. Congé d’une durée correspondante à celle du préavis, complété d’une durée supplémentaire de 3 mois (durée totale comprise entre 4 et 9 mois). Les 3 mois supplémentaires seront payés sous forme d’une allocation de 65% de la rémunération brute

Comme précédemment, versement d’une indemnité équivalente à l’indemnité de licenciement PREC 2007, mais complétée d’une indemnité de 4 mois de salaire.

Pour le projet professionnel (hors création d’entreprise) ou dans le cas d’un congé de reclassement (si embauche dans les 12 mois après le fin du congé de reclassement) : prise en charge d’un différentiel de rémunération plafonné à 300 euros net pendant 6 mois, puis 200 euros net pendant les 6 mois suivants

Aides complémentaires à la création d’entreprise :

  • Prêt remboursable à taux zéro, plafonné à 15 000 €
  • Aide à l’achat d’un véhicule (prix collaborateur + réduction forfaitaire)
  • Indemnité complémentaire de 6000 €, complétée éventuellement d’une indemnité de 2000 euros si la création d’entreprise intervient dans le bassin d’emploi ou travaillait le salarié avant son départ
  • Indemnité de 1500 € pour l’embauche d’un salarié, portée à 2500 euros pour celle d’un salarié de PCA

Départ volontaire à la retraite à taux plein :

Réservé aux salariés en mesure, après éventuellement avoir racheté des trimestres, de bénéficier d’une liquidation de leur retraite à taux plein (condition d’âge et de trimestre remplies). Le départ effectif en retraite devra intervenir pendant la période du Plan (au plus tard le 31/12/2013), ou au plus tard le 1er avril 2014 pour permettre au salarié de cotiser un dernier trimestre (et si le cumul de ses droits à congés peut lui permettre d’atteindre cette date tout en ayant quitté l’entreprise au 31/12/2013)

Soulignons que contrairement au PREC, dans le projet sur le volet PSE du plan, le congé sénior permet de cumuler le bénéfice d’un congé de reclassement (pouvant aller jusqu’à 36 mois) et les conditions des départ en retraite à taux plein. Ceci se traduit donc en pratique, pour les intéressés de Rennes et d’Aulnay, par la possibilité de bénéficier du dispositif de départ en retraite prévu par le plan, jusqu’à 36 mois avant l’âge légal du taux plein.

Indemnités :

L’indemnité de départ à la retraite sera, soit celle définie par la convention collective, soit celle de PCA (la plus favorable des deux). Elle sera majorée d’une indemnité de 3 mois de salaire.

Prime pour le rachat de trimestre (dans le cas où l’âge légal est atteint) à hauteur de 50% des sommes engagées

Congés de longue durée :

Possibilité de partir pour une durée de deux ou trois ans avec suspension du contrat de travail. A l’issue de cette période, possibilité de retrouver un poste similaire et sa rémunération.

  • Maintien de l’ancienneté et de tous les avantages liés.
  • Indemnité de 2 mois de salaires pour un congé de 2 ans, et de 3mois pour 3 ans

Passage à temps partiel pour les salariés en fin de carrière :

Réservé aux salariés d’au moins 5 ans d’ancienneté, à plein temps depuis au moins 12 mois et qui remplirons les conditions d’âge et de trimestres pour bénéficier d’une retraite à taux plein avant le 1er avril 2014.

Deux possibilités : passage à 50% ou à 80%. Dans les deux cas, prise en charge par PSA du maintien des différentes cotisations vieillesse sur la base d’un temps plein

Conditions lors du départ en retraite :

  • Indemnité identique à celle d’un plein temps
  • Indemnité compensatrice de 5% du salaire brut pendant deux ans pour les salariés passés sur un temps partiels à 80% et de 10% pour les temps partiels à 50%

 

Avis de la CFTC à suivre sur le site à l’issue de la procédure de consultation en cours ce jour (CCE extraordinaire du 29/04)