Dans notre précédente « lettre mensuelle », nous avancions le chiffre de 10 à 12 000 suppressions de postes en France sur 3 ans (de janvier 2014 à fin 2016). Compte tenu du peu d’informations dont nous disposions, il ne pouvait s’agir que d’une approximation, d’un ordre de grandeur. La Direction PSA a démenti oralement ces chiffres en mettant en avant notre mauvaise interprétation. A ce jour, la Direction ne nous a toujours pas fourni d’explications satisfaisantes, et encore moins d’explications chiffrées, qui nous permettraient de corriger notre « erreur ». Nous restons donc sur cette estimation.
Le 22 octobre s’est tenu l’Observatoire central Des Métiers (ODM) informant les organisations syndicales de la « vision prospective des métiers et des compétences » de notre Groupe. La Direction de la Communication, mais également, dans un autre registre, FO et la CGC, vous ont informés sur les conséquences des évolutions en cours. Nous partageons ce qui vous a été communiqué, et nous nous contenterons d’insister, comme les deux autres organisations syndicales, sur un point qui nous semble fondamental : être positionné sur un métier sensible doit vous « protéger ». Toute mobilité, interne ou externe, ne pourra être mise en œuvre, que sur la base du simple volontariat : c’est le collaborateur, et non son hiérarchique, qui peut décider, ou non, de sa mobilité ! En disant cela, nous ne vous incitons surtout pas à l’immobilisme. Certains pourront trouver dans les différents dispositifs mis en place, des sources d’opportunités (votre chef vous refusait votre mobilité, il ne pourra plus le faire ; vous souhaitiez quitter le Groupe, mais le risque financier était trop grand, PSA va vous aider ; vous vouliez avancer votre départ en retraite, le congé sénior vous apportera une solution, satisfaisante à plus d’un titre…). Mais encore une fois, c’est vous qui aurez votre destin entre les mains, pas votre hiérarchique. Et comme déjà indiqué, en cas de dérapage, faites-le nous savoir…
Au-delà de ces propos qui se veulent rassurants, nous souhaitions insister ce mois-ci, sur une réalité qui, si nous n’y prenons garde, risque d’être très compliquée à vivre pour bon nombre d’entre nous.
L’ODM, tout comme le DAEC, fait partie intégrante de la Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC). Encadrés par la loi et surveillés par l’inspection du travail, ces dispositifs permettent aux entreprises de planifier, à moyen ou à long terme, les évolutions prévisibles des métiers exercés en son sein (Rappelons que la mobilité externe du DAEC est, légalement, un plan de départ volontaire, déposé à l’inspection du travail).
Mais les différentes Directions de notre entreprise sont, en cette période de l’année, confrontées à une autre réalité : celle de construire le budget 2015. Parmi les contraintes à respecter pour lesquelles nous voulons obtenir rapidement des précisions, celle du plan emploi 2015 (nombre d’internes pour chaque service). Sachant que « Back in the race » prévoit la diminution de la masse salariale, nous pouvons en déduire que, pour la très grande majorité des Directions de PSA, le plan emploi 2015 sera en diminution par rapport à 2014. Mais dans quelles proportions et pour quelles Directions et Services ? Mystère !
Et bien sûr, la Direction maintient, qu’un plan emploi en diminution, une liste de métiers sensibles qui s’allonge, et une prévision de 10 000 suppressions d’emplois à l’horizon 2017, tout ça n’aurait rien à voir !
Pourquoi insister aujourd’hui sur le décalage qui existe entre la logique du DAEC et celle du respect d’un plan emploi en diminution ?
Rappelons tout d’abord que nous ne contestons, ni le bien fondé du DAEC, ni la nécessité de réduire temporairement la masse salariale de PSA. Nous l’avons dit maintes fois, nous partageons le diagnostic de la Direction : le Groupe était à la veille de la faillite il y a 2 ans et il est encore loin d’être sauvé.
La GPEC, et plus particulièrement le DAEC, sont des dispositifs qui doivent être encouragés, s’ils peuvent permettre d’éviter que le Groupe ne mette en œuvre un nouveau plan de licenciements.
Ce que nous dénonçons ici, c’est que malgré nos demandes répétées dans toutes les instances auxquelles nous participons (CE, observatoire local des métiers, observatoire central des métiers, commission de suivi du DAEC…), il soit refusé systématiquement de nous donner des informations sur le plan emploi 2015 (au global ou par Direction). Principale conséquence, de ce refus de regarder les choses en face : l’impossibilité de travailler ensemble sur les problèmes auxquels vont être confrontés les hiérarchiques et leurs équipes.
Et des problèmes… il va y en avoir !
Comment va réagir la manager qui va recevoir un pile de lettres « métier sensible » à distribuer à son équipe, avec pour instruction de ne parler que de volontariat, mais qui dans le même temps recevra de son chef, un plan emploi 2015, avec pour objectif de diminuer son effectif interne?
Combien de managers verront-ils leur Part Variable (PVG) conditionnée à la tenue de leur budget, et donc à la diminution de leur effectif ? Prime d’un côté, respect du volontariat de l’autre, effectifs qui ne diminueront pas comme attendu, pressions de leur propre chef, la vie des hiérarchiques de terrain risque d’être très compliquée. Et bien sûr, la pression s’accentuant au fil des semaines sur ces managers, ce sont leurs équipes qui en feront les frais, avec des pressions de plus en plus fortes sur leurs collaborateurs, et des mobilités qui seront de moins en moins volontaires…
A titre d’exemple, et pour faire suite à une précédente lettre, le cas de DSIN fortement représentée sur le Pôle Tertiaire (PT). Reçus par M De Chatillon, celui-ci nous a affirmé que DSIN ne serait pas externalisée, mais contribuerait, comme les autres directions du Groupe, à la diminution de la masse salariale. A l’issue de l’ODM du 22/10, se sont 58% des effectifs de DSIN qui ont été positionnés sur un métier sensible (les 10% donnés dans le tract de la CGC correspondaient au chiffre de juin). Sur le PT, ce chiffre monte même à 71%. Mais à combien devront passer les effectifs après la réorganisation en cours de finalisation : mystère ! Alors oui, aujourd’hui on peut rassurer les équipes en parlant de volontariat, mais demain ?
Et c’est là que la notion de métier sensible va se révéler à double tranchant : elle va protéger le salarié, les syndicats et l’inspection du travail y veilleront, mais que se passera-t-il si personne ne souhaite volontairement bouger (en mobilité interne ou externe) ?
Pour la Direction, la question n’est pas à l’ordre du jour !
[Un scoop qui n’en est plus un : le supplément de participation qui sera versé par anticipation à tous les salariés mi-décembre, sera de 150€ (138€ net)… comme le savent toutes les organisations syndicales depuis la séance de négociation du 24 octobre.]