Dans un article paru la semaine dernière, LE FIGARO.fr dévoilait les secrets de l’accord de recapitalisation de PSA. Le scénario qui y est décrit nous semble convaincant, mais néglige selon nous, l’un des éléments de contexte qui a concouru à la signature de l’accord de recapitalisation de PSA : la signature au préalable du Nouveau Contrat Social (NCS)
Revenons sur les principaux éléments donnés par lefigaro.fr (pour les détails sur les guerres intestines au sein du conseil de surveillance, lire l’article sur le figaro.fr ici)
Début 2013, les banquiers de Morgan Stanley et Rothschild interviennent au conseil de surveillance de PSA et déclarent « Mesdames, messieurs, cette entreprise sera en faillite d’ici quinze, seize mois. Vingt, dans le meilleur des cas.» Pour sauver PSA il faudrait, selon eux, 3 à 4 milliards d’euros !
Le diagnostic sera difficile à accepter pour certains membres du conseil de surveillance, mais au fil des semaines, plusieurs études seront lancées pour trouver le moyen de sauver l’entreprise. Etudes qui déboucheront sur différents scénarios.
Celui faisant appel à GM devra rapidement être abandonné, le groupe américain déclinant la proposition de nouvel investissement qui lui est faite. Restait alors la solution préconisée par M Varin : recapitaliser PSA en faisant appel à Dongfeng et à l’état jusqu’à 30% chacun.
Mais à l’automne, une contre-proposition est poussée par Thierry Peugeot, avec les conseillers de la banque JP Morgan : lancer PSA dans une recapitalisation financière par un appel au marché boursier.
Passons sur les basses manœuvres et les coups tordus décrits dans l’article du Figaro. On connait aujourd’hui l’épilogue de cette crise de gouvernance : l’entrée au capital de Dongfeng et de l’état pour 800 M€ chacun, et un appel au marché pour 1400 M€. Nous avions déjà dans un précédent article clairement exprimé notre position (ici). Entre les deux scénarios, celui d’une recapitalisation par appel au marché, nous semble suicidaire à moyen terme. Sans avoir de garantie sur l’efficacité de la solution Dongfeng/Etat français, le scénario qui se met en place aujourd’hui, parce qu’il pourrait nous permettre d’atteindre une masse critique industrielle et commerciale compatible avec le redressement de notre groupe, nous semble être la meilleure des solutions envisageable aujourd’hui.
Parallèlement aux tractations entre les différents membres du conseil de surveillance, l’état et Dongfeng, la direction de PSA engageait, avec les organisations syndicales, des négociations sur ce qu’elle avait choisi d’appeler le « Nouveau Contrat Social » (NCS). Plus qu’un accord de compétitivité, il s’agissait dans un premier temps de faire accepter par les syndicats de PSA, le double postulat de l’extrême gravité de la situation, et de la nécessité absolue de prendre des mesures douloureuses pour les salariés (pour remédier à cette situation). Mais dès la rentrée de septembre un nouvel argument, non écrit celui-là, voyait le jour : le salut de PSA passera très vraisemblablement par sa recapitalisation et l’appel à un nouvel investisseur (sans en préciser la nature). Or les incertitudes sociales dont se faisaient écho les médias à la suite des PSE de Rennes et d’Aulnay, étaient propres à décourager les acteurs pressentis. La signature du NCS devenait donc un préalable indispensable au sauvetage de PSA !
Mise en avant dès septembre par la CFTC, cette analyse prend tout son sens aujourd’hui avec l’arrivée de l’état français au capital du groupe. On sait que, compte tenu des enjeux, le gouvernement a toujours suivi de près le dossier PSA, recevant tour à tour les différents acteurs du conseil de surveillance. Dans ces conditions, comment imaginer que l’état prenne le risque de rentrer au capital, sans avoir l’assurance que le diagnostic sur la situation du groupe soit partagé par les représentants du personnel, et que les conditions sociales, à défaut d’être bonnes, soient au moins apaisées. Il est très vraisemblable, que sans signature du NCS (et donc sans celle de la CFTC), l’état ne serait pas rentré au capital de PSA, faisant ainsi basculer la situation dans le camp de défenseurs de la recapitalisation financière…
Voilà bien une raison supplémentaire pour la CFTC, d’être fière d’avoir su apposer sa signature en bas du Nouveau Contrat Social !