Chronique d’une explosion sociale annoncée — Burn out mode d’emploi… dans sa version Industrielle

Quand le pire côtoie le meilleur…

D’un côté, la naissance de STELLANTIS, un groupe automobile majeur fort de 14 marques. De l’autre des sites de production Français, où la Direction Industrielle répond à des objectifs surréalistes, par des baisses chroniques d’effectifs internes et intérimaires. A la clé, des gains de productivité certes, mais du personnel à l’agonie. Et pourtant, nous ne sommes pas la supérette du coin qui peine à vendre ses fruits et légumes. Les 2,1 Milliards de profits fraîchement annoncés sont là pour nous le rappeler

Pas d’effectif, pas de polyvalence, plus de possibilités de prendre des congés… Et, « solidarité oblige », des TAM et des Cadres à qui on « propose » de les travailler sur les chaines de production (en position d’OP UEP). Et ça bien sûr, sans les dispenser de faire leur « boulot d’avant », puisque les soirs et les week end sont là pour ça. « Attention, en cas de refus, nous pourrions en déduire que vous n’aimez pas la boite, très mauvais point pour votre carrière… » … Mais qui rêve de faire carrière dans ces conditions, et pour une entreprise qui te démontre que ta fiche de poste ne sert à rien, qu’avant tu ne devais pas faire grand-chose, puisque maintenant tu peux faire OP d’UEP en même temps… Une belle façon de reconnaitre les efforts des officiers… Résultat, des pressions d’abord, dépressions ensuite…

Et si seulement, tout ça pouvait alléger le travail des opérateurs. Mais qui peut croire que cela suffira à supprimer la souffrance vécue au quotidien par tous les ouvriers du groupe, sur des postes devenus insoutenables, où le travail du samedi et du dimanche de nuit est devenu la norme. Des postes, que même des intérimaires de 20 ans (lorsqu’il y en avait) avaient du mal à tenir longtemps !

Depuis des mois, la CFTC alerte la Direction. Mais non, il en faut plus, toujours plus. Au détriment du bon sens, au mépris des conditions de travail. En balayant d’un revers de la main l’esprit avec lequel le groupe et les partenaires sociaux s’étaient engagés dans un accord portant sur … « la motivation et le bien-être »… Des notions qui résonnent aujourd’hui comme une provocation et évoque de lointains souvenirs…

Rétrospectivement, la Direction du groupe pourra se vanter d’avoir fait ces derniers mois, l’unanimité sur les sites industriels français. Le chaos ambiant est palpable partout et les décisions managériales ubuesques !

Pour la CFTC, le « standard » de l’effort de guerre qu’on nous impose est contraire à ce que devrait être le management d’un groupe de taille mondiale !

 

Chantage à la production

Si la compétition « Darwinienne » entre entreprises peut se comprendre – seul celles qui savent s’adapter à un monde en transformation survivront – elle ne peut, et ne doit pas, se décliner au niveau local et encore moins au niveau des individus.

Évidemment, la Direction use et abuse de la peur de l’avenir, et fait planer au-dessus de toutes les têtes l’épée de Damoclès des productions à venir… Une belle leçon d’encouragement dans une période on ne peut plus anxiogène, et où la solidarité devrait être la règle …

L’avenir… Mais quel avenir ? Dans des sites ou la pyramide des âges dépasse fréquemment les 50 ans, où les postes sont devenus tellement difficiles que les rares intérimaires fuient dès la première journée. Où les contre-indications médicales ne sont même plus prises en compte… Le seul avenir que l’on perçoit, c’est celui d’une explosion des maladies professionnelles que la société, au sens large du terme, paiera au prix fort !

On ne peut tolérer cette vision « darwinienne » de l’évolution de nos salariés, où seul survivront les plus forts. Et où seuls survivront les sites ayant tout accepté !

Chaque jour, l’entreprise gagne de l’argent… Mais perd l’attachement des salariés, l’envie de « mouiller le maillot » pour une société qui te le rend bien…

A la CFTC, nous considérons que la perte est bien plus importante que le gain réalisé…

La Direction doit revenir à la raison et accepté le changement de stratégie dans sa « gestion des ressources humaines ».

Remettons les moniteurs en poste de moniteur, replaçons les RU dans leur fonction de manager, laissons les RG animer les RU, donnons les moyens aux TECHNICIENS de réaliser leurs tâches. Arrêtons de penser qu’être CADRES dans notre entreprise, c’est être obligé d’accepter l’inacceptable… Tout cela doit commencer par le retour massif des intérimaires, pour que les ouvriers de production puissent enfin respirer… Et surtout pas en profiter pour opérer des transferts de productions hors de France.

Il est peut-être encore temps d’éviter le pire