Vécu ce weekend end :
« Dis donc, toi qui es syndicaliste, t’en penses quoi des grèves à répétition à la SNCF et du blocage des trains le jour du Bac ? »
« Euh…, Joker »
Essayons quand même de répondre ici à cette question, sans démagogie et sans langue de bois.
Sur le conflit en cours à la SNCF, comme tout un chacun, nous n’en savons que ce qu’en disent les médias : le conflit porte sur le projet de réforme ferroviaire du gouvernement, qui vise notamment à revenir sur la séparation de la SNCF et de Réseau ferré de France (RFF), en les réunissant au sein d’une même structure, pilotée par une holding (lire ici pour plus d’info). Sur le fond du dossier, sur le bienfondé de cette réforme ou de celle de 1997chacun jugera en fonction de ses convictions politiques. Sur la forme, nous nous permettrons ici de faire quelques remarques :
Ce mouvement de grève est essentiellement porté par deux organisations syndicales de la SNCF, l’une, Sud-Rail, clairement adepte d’un syndicalisme « contestataire », l’autre, la CGT-Cheminots, dont le courant dur et « contestataire » semble l’avoir emporté sur les partisans d’une ligne plus « réformiste » (cf article ici)
Ce conflit, et la question posée en préambule, représentent donc, pour nous, l’opportunité de réaffirmer haut et fort ce qui est la source de notre engagement : les avancées sociales, la protection des salariés, et la défense du bien commun passent nécessairement par le dialogue entre tous les intéressés, et donc par ce qu’on a coutume d’appeler le Dialogue Sociale.
Rappelons ici les deux grandes tendances du syndicalisme en France :
Le syndicalisme « contestataire » ou « syndicalisme de lutte » qui vise à placer l’action sous toutes ses formes (grèves, manifestations…) au cœur de la pratique syndicale, en privilégiant l’affrontement et le rapport de force. La négociation n’est pas exclue mais n’interviendra que dans un second temps après avoir construit, par la lutte, un rapport de force favorable aux travailleurs. Certains vont même plus loin en s’intitulant « syndicalisme de classe » ou « syndicalisme révolutionnaire », dans un contexte de « lutte des classes », qu’ils jugent encore d’actualité. A ce sujet, on lira avec intérêt les aspirations de certaines fractions minoritaires de la CGT (cf article ici)
Le syndicalisme « réformiste », qui cherche à obtenir des avancées sociales, par le jeu du dialogue entre les représentants des salariés et les représentants de la Direction des entreprises.
C’est bien évidemment ce que prône la CFTC en générale, et la CFTC PSA en particulier. Il ne s’agit pas, pour nous, de faire preuve de dogmatisme, mais d’affirmer notre conviction profonde qu’il ne sert à rien de défendre des salariés si c’est pour mettre en péril l’entreprise elle-même, et conduire, au final, à défendre de futurs chômeurs. C’est ce qui nous a conduit à négocier les PSE de Rennes et d’Aulnay, en nous battant pour trouver de vraies solutions de reclassement, plutôt que de pousser les salariés concernés, à quitter l’entreprise avec un chèque pour seule motivation.
Pour que puisse s’installer un véritable dialogue social dans une entreprise, encore faut-il établir une confiance réciproque, entre les représentants des salariés à la Direction de l’entreprise. C’est ce à quoi nous travaillons chez PSA. Mais, avoir confiance dans la qualité et l’efficacité du dialogue sociale, ne veut surtout pas dire tout accepter. Diriger une entreprise c’est, en premier lieu, faire des choix entre des objectifs contradictoires. De meilleures conditions de travail, une meilleure protection sociale, de meilleurs salaires, tout cela a un coût pour l’entreprise, mais que deviendrait une entreprise avec des salariés découragés, démotivés, à la santé fragilisée ?
Tout est donc question d’équilibre, et c’est dans la recherche de cet équilibre que nous entendons nous positionner à vos côtés pour défendre les intérêts de tous !
Alors oui, même si cela n’est pas toujours facile à expliquer, même aujourd’hui alors que les trains ne roulent pas, nous sommes fiers d’être syndicalistes…à la CFTC.