A Monsieur Carlos TAVARES
Président du Directoire PSA Groupe
Poissy, le 30 mars 2020
Monsieur le président,
Samedi dernier, Édouard Philippe déclarait « Je veux vous dire les choses avec clarté et franchise: le combat ne fait que commencer, les 15 premiers jours d’avril seront encore plus difficiles que les 15 jours qui viennent de s’écouler. »
La veille, sur tous nos établissements, la Direction présentait aux membres des CSE, le renforcement des mesures sanitaires mises en place avant le confinement généralisé des équipes. Et cela en préparation d’un futur redémarrage industriel.
Dans le même temps vous déclariez « Nous ne ferons aucun compromis sur la santé de nos salariés, afin que le redémarrage industriel nécessaire à la pérennité de l’entreprise puisse se faire dans des conditions optimales »
Avant toute chose, et pour lever toute ambigüité, nous réaffirmons ici, que nous partageons cette double volonté de protection : celle des salariés, et celle de l’entreprise. Mais cela, tout particulièrement en ces temps de crise sanitaire, dans le respect absolu et sans concession de cet ordre des valeurs.
Au-delà des préoccupations éthiques qui nous obligent, nous souhaitions également vous alerter sur le risque d’image considérable, que ferait peser sur l’entreprise, une mauvaise interprétation, par les Français, de la volonté de PSA de démarrer « trop tôt » ses sites de production.
Soyons clairs. La CFTC souhaite, dès aujourd’hui, pouvoir travailler avec la Direction, sur « l’après crise sanitaire ». Le temps viendra où la France devra sortir du confinement. Il est donc indispensable pour notre entreprise de préparer, avec le plus de sérieux possible, les conditions à mettre en œuvre lors de la reprise d’activité, pour la protection de tous et de chacun. Sur ce point, comme sur beaucoup d’autres, vous savez que vous pouvez compter sur la participation active de la CFTC.
Mais il convient, au préalable, de répondre aux deux questions fondamentales : quand et à quelles conditions redémarrer l’activité industrielle ? Et donc, quand et à quelles conditions sortir du confinement !
L’industrie automobile, à notre connaissance, ne fait pas partie des secteurs économiques « essentiels » listés par le gouvernement. Pour la CFTC, il est donc hors de question de demander, aujourd’hui, aux salariés de PSA de sortir de chez eux, alors même que le gouvernement vient de prolonger la période de confinement qui s’impose à tous les Français.
Pour envisager une reprise d’activité, même progressive, deux conditions a minima devront être réunies :
- Le pic de l’épidémie sera derrière nous.
- Les soignants français bénéficieront de tout le matériel de protection nécessaire à l’exercice de leur activité. Il n’est pas question que PSA utilise pour ses propres besoins, des masques, des blouses, des lunettes de protection, alors que médecins, infirmières, policiers ne peuvent en bénéficier en nombre suffisant.
Ces conditions étant encore loin d’être remplies il serait indécent de parler de reprise d’activité aujourd’hui chez PSA.
Pour la CFTC, Franck DON