Déclaration de la CFTC lors du CSE du 31 mars 2020. Reprise d’activité – Activité partielle

Samedi dernier, Edouard Philippe déclarait « Je veux vous dire les choses avec clarté et franchise : le combat ne fait que commencer, les 15 premiers jours d’avril seront encore plus difficiles que les 15 jours qui viennent de s’écouler. »

La veille, sur tous nos établissements, la Direction présentait aux membres des CSE, le renforcement des mesures sanitaires mises en place avant le confinement généralisé des équipes. Et cela en préparation d’un futur redémarrage industriel.

Dans le même temps monsieur Tavares déclarait « Nous ne ferons aucun compromis sur la santé de nos salariés, afin que le redémarrage industriel nécessaire à la pérennité de l’entreprise puisse se faire dans des conditions optimales »

Avant toute chose, et pour lever toute ambigüité, nous réaffirmons ici, que nous partageons cette double volonté de protection : celle des salariés, et celle de l’entreprise. Mais cela, tout particulièrement en ces temps de crise sanitaire, dans le respect absolu et sans concession de cet ordre des valeurs.

Au-delà des préoccupations éthiques qui nous obligent, nous souhaitions également vous alerter sur le risque d’image considérable, que ferait peser sur l’entreprise, une mauvaise interprétation, par les Français, de la volonté de PSA de démarrer « trop tôt » ses sites de production.

Soyons clairs. La CFTC souhaite, dès aujourd’hui, pouvoir travailler avec la Direction, sur « l’après crise sanitaire ». Le temps viendra où la France devra sortir du confinement. Il est donc indispensable pour notre entreprise de préparer, avec le plus de sérieux possible, les conditions à mettre en œuvre lors de la reprise d’activité, pour la protection de tous et de chacun. Sur ce point, comme sur beaucoup d’autres, vous savez que vous pouvez compter sur la participation active de la CFTC.

Mais il convient, au préalable, de répondre aux deux questions fondamentales : quand et à quelles conditions redémarrer l’activité industrielle ? Et donc, quand et à quelles conditions sortir du confinement !

L’industrie automobile, à notre connaissance, ne fait pas partie des secteurs économiques « essentiels » listés par le gouvernement. Pour la CFTC, il est donc hors de question de demander, aujourd’hui, aux salariés de PSA de sortir de chez eux, alors même que le gouvernement vient de prolonger la période de confinement qui s’impose à tous les Français.

Pour envisager une reprise d’activité, même progressive, deux conditions a minima devront être réunies :

  • Le pic de l’épidémie sera derrière nous.
  • Les soignants français bénéficieront de tout le matériel de protection nécessaire à l’exercice de leur activité. Il n’est pas question que PSA utilise pour ses propres besoins des masques, des blouses, des lunettes de protection, alors que médecins, infirmières, policiers ne peuvent en bénéficier en nombre suffisant.

Ces conditions étant encore loin d’être remplies il serait indécent de parler de reprise d’activité aujourd’hui chez PSA.

Nous sommes bien évidemment conscients des difficultés considérables que va devoir traverser notre entreprise. Dans ce contexte nous nous félicitons des mesures prises par le gouvernement français, et notamment de la prise en charge par l’État de la totalité de l’indemnisation de l’Activité Partielle (jusqu’à 4,5 fois le smic).

Ouvriers et TAM ne coûteront donc rien à l’entreprise, tant qu’ils seront en activité partielle. Ils seront par contre confrontés à une perte importante de pouvoir d’achat. De l’ordre de 16% pour certains, beaucoup plus pour d’autres qui bénéficiaient jusqu’ici de primes liées à la présence ou aux inconvénients d’horaire.

Notre Groupe et ses salariés doivent tout faire pour maintenir le niveau de rémunération des plus faibles. La solidarité doit être au cœur des réflexions.

Nous vous demandons donc :

  • De créer un compte de solidarité, alimenté par des jours de congés, donné par la population cadre qui le souhaite, et abondé par l’entreprise, afin de disposer d’un fond pour les plus démunis.
  • De rendre possible le don des reliquats de congés légaux, pour les salariés qui le souhaitent et qui en disposent encore.
  • D’ouvrir la possibilité du paiement des compteurs personnels pour les salariés en équipe, ou du paiement de jours RTT ou d’ancienneté pour les salariés en journée, et cela sans restriction.
  • En tout état de cause, qu’un complément d’indemnité soit pris en charge par notre entreprise, de manière à maintenir le salaire à 100% de tous les salariés de PSA.