“Une hirondelle ne fait pas le printemps” … D’accord, mais alors, c’est pour quand le printemps ?

Le mois de novembre aura vu PSA faire les frais d’une communication nationale dévastatrice pour l’image de notre Groupe. On citera pêle mêle :

  • Le Figaro : « PSA poursuit sa cure d’amaigrissement »
  • L’Humanité : « Automobile PSA s’apprêterait à supprimer 3.500 »
  • Le Monde : « Combien d’emplois PSA va-t-il vraiment supprimer ? »
  • Les Echos : « PEUGEOT : PSA se prépare à supprimer 3.450 postes en France en 2015 »

Suivi, bien sûr, des non moins traditionnels démentis :

  • Challenges : « PSA Peugeot Citroën dément la suppression de 3.450 postes pour 2015 »
  • L’Express : « PSA dément supprimer 3450 postes en France en 2015, mais… »

Comme toujours la réalité est plus complexe que ce qui est rapporté par les uns ou les autres. Le « bon » chiffre devrait se situer aux alentours de 2450 départs, dans le cadre des dispositifs de type GPEC/DAEC, compensés partiellement par 550 recrutements en CDI (détails sur le site).Sachant que les chiffres 2014 sont du même ordre de grandeur que ceux prévus pour 2015, nous continuons de nous interroger sur la cible, affichée par la Direction, d’un ratio masse salariale/chiffre d’affaires positionné à 12,5% (contre 15,1% fin 2013). Dans tous les cas, il faudra s’attendre, pour les deux ans à venir, à une baisse continue des effectifs, dans la même proportion que ce que nous avons connu en 2014. Sur ce point, un motif de satisfaction quand même, puisque M Carlos Tavares nous a affirmé, lorsqu’il nous a rencontré, que les outils RH disponibles aujourd’hui (GPEC/DAEC) suffiraient à atteindre la cible qu’il s’est fixée. Nous n’avons donc pas, à ce stade, à redouter la mise en place d’un dispositif « contraint » (type PSE). Jusqu’en 2016 au moins !

Au-delà de la bataille des chiffres et des communiqués, nous ne pouvons que regretter l’effet négatif de ces annonces. Sur nos clients bien sûr, mais aussi sur tous les collaborateurs de notre Groupe qui, depuis des années, voient s’enchainer les mauvaises nouvelles. Et lorsqu’enfin un chiffre semble prometteur (les résultats du premier semestre par exemple), c’est aussitôt pour que la Direction nous rappelle qu’une « hirondelle ne fait pas le printemps ».

Nous, CFTC, l’avons écrit de nombreuses fois, et l’avons concrétisé dans la signature du Nouveau Contrat Social : nous sommes bien conscients que le Groupe est passé tout près du dépôt de bilan, et qu’aujourd’hui encore, son redressement est loin d’être acquis.

Tous les collaborateurs qui, ces dernières semaines, ont reçu de leur hiérarchique, la lettre leur annonçant qu’ils étaient positionnés sur un métier sensible, ont également bien compris le message : le Groupe a besoin d’abaisser son point mort (son seuil de rentabilité) à 2 M de véhicules, et doit réduire ses frais de structures (ses effectifs) en conséquence. Mais, tout comme on ne dirige pas une entreprise en regardant le bout de ses chaussures, on ne peut pas travailler sereinement, et donc efficacement, dans une entreprise, sans avoir une vision motivante de l’avenir.

La promesse « de sueur et de larmes », faite au nom du principe de réalité, est parfois nécessaire, mais quand elle tient lieu d’horizon elle devient également démobilisatrice, et risque d’entrainer le groupe dans un état de dépression collective !

Le verre est à moitié vide, nous le préférons à moitié plein !

Il n’est pas de notre ressort de définir la stratégie du Groupe. Il est bien de notre responsabilité, par contre, de veiller à ce que cette stratégie prenne en compte le « bien commun », et place donc l’avenir des collaborateurs au cœur des réflexions stratégiques. Alors, puisque nous entrons dans une période de fêtes, et que pour la CFTC, revendiquer c’est d’abord être force de proposition, nous avons choisi de mettre en avant deux thèmes de réflexion, de revendications.

L’avenir des sites industriels et de l’emploi en France : l’exemple de l’usine de Poissy

L’objectif principal du Nouveau Contrat Social porte sur la préservation de « bases fortes de PSA en France », avec notamment, l’annonce du lancement d’au moins un nouveau modèle dans chacune des usines terminales françaises. Malgré cela, Poissy devrait voir sa production chuter de 45% dans les trois ans à venir. Bien évidemment, c’est une situation qui nous afflige. Mais au-delà de l’émotion que suscite une telle nouvelle, comment agir pour « le bien commun » ? Pour la CFTC, la réponse passera aussi par ce qu’on appelle la « réindustrialisations » du site, et la mise en avant des forces de PSA. L’usine de Poissy a de nombreux atouts : un savoir-faire qui a fait ses preuves (avec la formation des équipes de Trnava), mais aussi sa localisation et ses implantations. Avec une ligne de train desservant le cœur de l’usine, Poissy est en effet une référence en terme de logistique avale. Alors n’attendons pas d’être dans le mur pour agir et acceptons collectivement de travailler sur ces deux axes dès aujourd’hui, et de le faire savoir :

  • Faire de Poissy, qui a vocation à produire des véhicules premium, un centre d’excellence, à l’image de ce que fait Renault à Douai (Cf www.lavoixdunord.fr article du 27/11)
  • Etudier dès aujourd’hui la possibilité de faire de Poissy, par exemple, un centre logistique pour d’autres Marques que celles du Groupe.

La rémunération des collaborateurs : préparons le terrain pour des jours meilleurs

Les difficultés que traverse le Groupe nous ont conduit à accepter, bon gré mal gré,  une certaine « modération salariale ». Selon toute vraisemblance, des efforts nous seront encore demandés pour 2015. On peut le déplorer, revendiquer, mais au final la Direction prendra ses responsabilités, en fixant, unilatéralement au besoin, le niveau d’augmentation de la masse salariale 2015. Bien évidemment, nous participerons activement à ces négociations annuelles. Mais puisque la période actuelle est difficile et que l’entreprise manque de moyens à court terme, pourquoi ne pas voir plus loin et se projeter vers des lendemains plus souriants ? Il est compliqué, pour une entreprise, de promettre des augmentations de salaires au-delà de l’année en cours. Les dispositifs de type participation et intéressement permettent par contre ce genre de projections.

Nous avons été nombreux l’an passé à rêver des « primes » versées par nos concurrents allemands à leurs salariés (8200€ pour Porsch, 7600€ chez BMW, 6200€ chez WV…). La CFTC demande donc à PSA de parier sur le redressement du Groupe et de garantir que l’ensemble des collaborateurs se verront récompenser de tous les efforts accomplis ces dernières années pour sauver notre Groupe. Sans rentrer dans les détails, les moyens techniques existent, il suffit d’avoir la volonté de les mettre en œuvre. La CFTC demande donc que les dispositifs d’intéressement prévoient, dès aujourd’hui, des paliers liés au ROC (par tranche de 0,5Mds d’€) qui soient valorisants pour les collaborateurs. Par exemple, pour un ROC supérieur à 3Mds d’€, l’intéressement versé au salarié doit être l’équivalent d’un mois de salaire (pour le salaire moyen). Nous demandons également que le montant consacré à la rémunération des actionnaires soit le même que celui qui sert à valoriser les collaborateurs. S’il est normal que les capitaux apportés par des actionnaires soient rémunérés, nous ne comprendrions pas qu’ils le soient de manière disproportionnée lorsque l’entreprise renouera avec les bénéfices !