Négociations salariales. Et si on arrêtait de se moquer de nous ?

Qualité du dialogue social, co-construction ; passerons-nous un jour du slogan d’une Direction cherchant à donner une image progressiste des Ressources Humaines PSA, à de véritables négociations entre adultes responsables ?

Lorsque l’on voit comment sont traitées cette année les négociations sur les salaires, il est permis d’en douter :

Jeudi 17 janvier. Première réunion de « négociations ». Comme à l’accoutumée, cette séance permet surtout à la Direction de PSA de réaffirmer combien elle a été généreuse avec les salariés de PSA les années passées. Et bien sûr, qu’elle a scrupuleusement respecté les accords 2018. Une nouveauté quand même cette année : la Direction évoque le versement de la prime exceptionnelle (prime « Macron »), et sa volonté de négocier un package complet : augmentation des salaires, prime « Macron », supplément d’intéressement (participation et intéressement étant encadrés par des accords précédents, ils ne font pas partie de la négociation stricto sensu). La réunion se termine comme à l’accoutumée par l’exposé des revendications syndicales (demande CFTC : 3,2%, d’augmentation, cf. précédent tract, disponible sur Doc info et sur notre site ici ).

Jeudi 14 février. Tout ça pour ça !

Comme prévu, la Direction propose le montant minimum négocié dans le cadre du NEC : 1% en plus de l’inflation (hors Tabac), soit 2,4% d’augmentation de la masse salariale. Avec une décomposition, pour les TAM, de 1% en augmentation générale (AG), et 1,4% en augmentation individuelle (AI). Inadmissible ! Et conformément à ce qui avait déjà été dit en janvier, la Direction réaffirme sa volonté de verser :

  • Une prime exceptionnelle défiscalisée.
  • Un supplément d’intéressement.

(Remarque : France 3 aurait dû vérifier ses sources, les deux primes sont bien prévues par PSA depuis le 14/02)

Mais aucun montant n’est précisé, ni pour la prime exceptionnelle, ni pour le supplément d’intéressement !

La Direction se contente de nous faire miroiter que le montant de l’intéressement devrait être « très satisfaisant ». Mais sans pouvoir nous en dire davantage avant la publication des résultats le 26 février.

Après plus de 6 heures de présentations, négociations, d’arguments et de contre-arguments, et devant notre refus de signer un accord sur ces bases, la Direction nous annonçait devoir revenir vers nous prochainement, avec de nouvelles propositions.

Mais surprise ! Après avoir choisi de lier, dans ces négociations, primes, intéressement et augmentation de salaires ; après avoir fait le constat en séance que les montants des primes et intéressement ne pourraient être donnés avant la publication des résultats, la Direction fixe la date de la dernière réunion de négociation… le 25 février, la veille de l’annonce des résultats ! Pour la Direction, c’est donc : nous ne souhaitons pas accorder des augmentations salariales trop importantes (l’avenir est incertain), mais nous le compenserons par des primes, dont vous connaîtrez les montants…après avoir signé !

Pour la CFTC il est bien sûr hors de question de terminer ces négociations avant de connaître les résultats du Groupe.

Décalons les négociations salariales et rendons les rétroactives !

Vouloir boucler des négociations sur les salaires la veille de la publication des résultats qu’on peut supposer excellents, la ficelle est vraiment trop grosse !

Vous trouverez toujours quelqu’un aux RH pour vous expliquer qu’il ne faut pas vouloir lier les résultats de l’entreprise et les augmentations de salaires…. Surtout quand les résultats sont bons. Quand ils sont mauvais, alors là, oui tout semble clair : « faites des efforts, il faut redresser notre entreprise ». Ce discours des temps difficiles, nous sommes capables de le comprendre. Mais ne pas « récompenser » les salariés des efforts accomplis durant toutes ces années, lors du retour « à la bonne fortune » est inadmissible. Alors oui, il y a bien un lien entre résultats et redistribution salariale, celui des moyens dégagés pour financer une juste rétribution des salariés. C’est pourquoi nous demandons qu’à l’avenir, les négociations salariales soient positionnées après la publication des résultats du Groupe, et que ce décalage soit compensé par la rétroactivité des augmentations de salaires. A ce jour, nos revendications restent identiques à celles déjà présentées : 3,2% d’augmentation. Alors que PSA souhaite être « bench » dans tous les domaines de l’entreprise, soyons-le aussi dans celui des salaires Comparons-nous à Renault, qui va augmenter sa masse salariale de 2,8% en 2019, dont 1,4% d’AG pour les TAM, et qui versera une AI à 90% de ses Cadres (avec un minimum de 1,5%).

Que peut-on espérer pour l’intéressement et le supplément d’intéressement ?

En 2018, le montant minimum de l’intéressement (sur la base d’un plein temps), versé pour tous ceux dont le salaire était inférieur à 47k€ brut, se montait à 2190 € net. Le supplément d’intéressement, se montait quant à lui à 210€ net. La progressivité de l‘intéressement vous est présentée ci-dessous. La marge opérationnelle de la division automobile (PCD) sur laquelle repose les calculs était de 8,5% au premier semestre. Gageons qu’elle sera restée au-dessus des 8% au deuxième.

La marche pour atteindre les 2800 € net que nous demandons n’en sera que plus facile à franchir ! (montant minimum pour les salaires < 51 k€).